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L'agriculteur « agroforestier » pourrait être le « forestier de demain »

25.02.2022

Dans les régions tropicales, l’agroforesterie participe à la diversification des revenus, à la sécurité alimentaire et au développement des services écosystémiques. En quoi un agriculteur mettant en œuvre des pratiques agroforestières est-il le forestier de demain ?

Crédit photo : Système agroforestier en Indonésie. Photo Eric Penot

Les principaux systèmes agroforestiers (SAF) tropicaux sont souvent complexes, multi-étapes et multi-espèces. En dehors des jardins domestiques destinés à l'autoconsommation, les SAF sont souvent basés sur une culture principale à valeur économique ou d'exportation (hévéa, cocotier, cacao, café, girofle, vanille, damar, durian...) complétée par des arbres fruitiers locaux, des arbres à croissance rapide pour le bois de chauffe et des arbres à bois d'œuvre pour l'autoconsommation ou la vente.

Cette diversification des SAF axée sur les cultures industrielles intervient souvent après une période de déforestation, initiée à la fin du 19ème siècle pendant la période coloniale. Le bois peut également provenir d'essences utilisées pour des services comme l'ombrage des caféiers ou des cacaoyers. Les essences de bois sont également communes dans la forêt locale (Indonésie/Thaïlande), ce qui reflète la stratégie des agriculteurs de conserver les ressources locales. Dans d'autres cas, les essences locales ont presque entièrement disparu (par exemple, le SAF girofle sur la côte Est de Madagascar) au profit d'espèces introduites. Parfois, la culture principale est également une essence de bois d'œuvre comme le caoutchouc (utilisé pour le mobilier), le durian, ou encore le litchi. Maintenant que la plupart des forêts faciles d’accès ont presque disparu dans les plaines centrales en Asie du Sud-Est (avec une valeur commerciale potentielle), le bois d'œuvre provenant des SAF devient un véritable défi qui dépend principalement de la tenure des arbres et de la réglementation locale.

Aujourd'hui, la demande de bois tropical a considérablement diminué depuis « l'âge d'or » de la déforestation (1980/2010) en raison d’une ressource moindre, plus sélective, et d'une demande mondiale en faveur de produits issus de plantations d'Europe ou d'ailleurs. Le marché est passé d'une utilisation massive de bois tropicaux à des fins multiples à une utilisation limitée à des fins spécifiques. Dans ce contexte, le bois de SAF, souvent produit à un coût marginal, pourrait être une alternative pour produire du bois de valeur. Nous considérons en ce sens que l'agriculteur des régions tropicales pratiquant l'agroforesterie pourrait être le "forestier du futur". En outre, les SAF incluant du bois d'œuvre pourraient contribuer de manière significative aux externalités positives et aux services éco-systémiques pour une meilleure durabilité.

Vous pouvez télécharger ici la note rédigée à ce sujet par l’ATIBT, le CIRAD et Nitidae.

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