21.02.2020
Auteur Dr.Emmanuel GROUTEL
Courriel emmanuel.groutel@gmail.com
Laboratoire NIMEC (UPRES-EA 969) IAE de CAEN
Plutôt que de risques, les Anglais parlent d’incertitudes (uncertainties).
Nous voici donc revenus en des temps incertains.
Dont les premiers d’entre eux : le Coronavirus et toujours le Brexit.
Evidemment le drame, principalement vécu par la Chine, n’est en rien comparable du point de vue humain à la décision des Anglais de sortir de l’Union Européenne. Toutefois, ces deux phénomènes ont cela en commun d’avoir un impact régional et peut-être même mondial. Ils fragilisent l’édifice. Ils font aussi apparaître des failles politiques.
Nous vivons dans les deux cas une crise de confiance, alors que notre économie mondialisée est de plus en plus structurée selon une hyper-fluidification des chaînes logistiques, économiques et financières.
Il est clair que la crise sanitaire, générée par le Coronavirus Covid-19, provoque d’ores et déjà une baisse de consommation en Chine. Elle perturbe considérablement les chaînes d’approvisionnements dans de nombreux secteurs d’activités : construction automobile, électronique, chimie-pharmacie, industrie aéronautique, pétrole, etc. Elle fait suite ou vient même en accumulation à la dispute tarifaire américano-chinoise.
Du côté britannique, il s’agit aussi d’un plongeon vers l’inconnu. Personne ne sait si les Irlandais du Nord ou bien les Ecossais valideront, dans les faits, la sortie. Personne ne sait si les accords se mettront en place avec les partenaires internationaux du Royaume-Uni. Comme l’indique Novethics (3/2/20) : « Une fois essuyées les larmes du départ et rangés les drapeaux européens, vient enfin le temps des interrogations sur le modèle économique que veut Boris Johnson pour cette Angleterre qui largue les amarres sans annoncer ni la route qu’elle prend, ni le cap vers lequel elle se dirige ».
Dans les deux cas, nous n’avons ni date, ni mesure de l’impact.
Les marchés sont déjà touchés. Le marché du bois ne l’est pas moins. Pour acheter, stocker, fabriquer, il est nécessaire d’avoir confiance en l’avenir. Il est aussi indispensable de bénéficier de moyens financiers. Combien de temps les trésoreries des entreprises chinoises tiendront-elles ?
Nous avons vécu avec la crise de 2008 un risque systémique majeur entrainé par une folie de l’endettement des ménages américains les plus faibles. Ne vivons-nous pas là une autre crise du même ordre ? Celle qui a consisté à tout miser sur la Chine.
Pour les pays africains, nous ne pouvons que souhaiter sur le court terme que ce virus ne se répande pas dans des pays dont certains ont des systèmes de santé fragiles.
Dans ce contexte, espérant le meilleur dans les deux cas, il y a toutefois tout lieu de penser qu’une répartition des marchés est nécessaire afin justement d’éviter les plus grandes incertitudes.
Conclusion
Le symbole que nous pouvons retenir pour la crise chinoise est celui du pangolin. Cet animal est l’un des plus braconné au monde. Cela au profit de quelques-uns. En effet, la majeure partie des Chinois n’a rien à voir avec ce massacre. Nous apprenons que ce même pangolin serait le possible hôte du coronavirus. La suite sera-telle sage ? Une protection intégrale de cet animal ? Les écailles si convoitées du pangolin le protégeront-elles enfin ? Tirerons-nous les enseignements de ces événements ?