18.02.2022
La situation est quelque peu tendue en République Démocratique du Congo, où les exploitants industriels reprochent à Mme Eve Bazaiba de bloquer la signature des permis de coupe pour l’année 2022. Les entreprises menacent ainsi de prendre des mesures pour obtenir gain de cause.
Côté gouvernement, on affirme qu’il s’agit de la mise en œuvre des 10 mesures urgentes adoptées en Conseil des Ministres l’été dernier. Pour rappel, Mme Bazaiba avait fait adopter en Conseil des Ministres dix mesures urgentes relatives à la gestion des forêts du pays. La suspension actuelle des signatures de permis de coupe serait relative à l’application de la mesure 9, portant sur la suspension de l’exportation de toutes les essences de bois d’œuvre. Le cabinet de la vice-premier ministre promettrait toutefois la mise en place rapide d’une commission pour traiter au cas par cas les dossiers de demande de permis de coupe.
Du côté des exploitants forestiers, la FIB (Fédération des Industriels du Bois) dénonce la situation et alerte sur les portées d’une telle décision pour un secteur majeur du paysage socio-économique en RDC, notamment pour les populations locales. Pour la FIB, cette décision risque de créer des tensions sociales. En outre, les exploitants reprochent à la vice-premier ministre le manque de communication sur le sujet, ce qui cristallisent les reproches, comme le souligne le président de la FIB, Gabriel Mola Motia : « Si Eve Bazaiba ne délivre pas les permis, nous allons demander aux entreprises de renvoyer en congé technique, les travailleurs. De ne plus payer les taxes de superficie. Nous lui avons écrit. Elle n’a jamais répondu, elle ne prend pas le téléphone, bref aucune communication n’est établie pour savoir ce qui se passe réellement. » Point de vue partagé par la CNEIB (Coalition Nationale contre l’Exploitation Illégale du Bois). Son secrétaire exécutif, Philippe Nzita, s’inquiète des conséquences directes de la mise à l’arrêt de l’exploitation forestière pour les communautés locales et les populations employées par les entreprises forestières.
Plus globalement, cette situation pose des questions pour l’aval de la filière bois tropical, notamment concernant les contrats en cours et les livraisons. À suivre.