28.10.2022
L’ATIBT a participé à la journée thématique « Restauration des paysages forestiers » organisée par le CST-Forêts le 19 octobre dernier et coordonnée par Bernard Mallet (émérite CIRAD).
Cette journée avait pour but de revenir sur les enjeux et surtout l’opérationnalité de ce concept. Celle-ci était structurée des présentations suivantes :
Qu’est-ce que la restauration des paysages forestiers ?
Les opérations de restauration forestière ont gagné en importance depuis les années 1990 pour répondre aux enjeux conjoints de recul et de fragmentation de la couverture forestière, d’érosion de la biodiversité, de dégradation des terres et de changement climatique (atténuation et adaptation).
Les pratiques de restauration forestière, initialement ciblées sur des espaces forestiers, et combinant gestion, conservation et plantation, s’inscrivent désormais dans une vision plus « écosystémique et sociale » au sein du concept de « restauration des paysages forestiers » (RPF) promu en particulier par l’UICN et le WWF. Autour de ce concept, des partenariats mondiaux et régionaux se sont structurés dans la première moitié des années 2000 ; s’y adossent des engagements politiques (Défi de Bonn, 2011 ; AFR100, 2015). Mobilisant le cadre conceptuel des services écosystémiques et les principes de la gestion intégrée des ressources naturelles, cette approche envisage la restauration à l’échelle de paysages afin de prendre en compte les continuités écologiques (efficacité environnementale) et les divers usages des terres et des ressources qu’en ont les populations (bénéfices socio-économiques).
Bien qu’elle suscite un engouement de la communauté internationale, avec la proclamation en 2019 par les Nations Unies de la « Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes » (2021-2030), son application au niveau des pays et sur le terrain reste encore bien en deçà des ambitions affichées.
Si la restauration des paysages forestiers n’entre pas a priori dans le périmètre de la Stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée (SNDI), elle n’en constitue pas moins une priorité pour nombre de pays, en particulier au Sud, et constitue un sujet d’intérêt pour les filières d’approvisionnement opérant dans des paysages très fortement dégradés.
Quels sont les enjeux de la restauration des paysages forestiers ?
Daniel Vallauri (WWF) a rappelé que la déforestation et la dégradation des forêts sont les grands enjeux de la restauration des paysages forestiers. En effet, la déforestation a déjà fait disparaitre 3 trillons d’arbres soit 240 millions d’ha depuis 25 ans, en majeure partie pour convertir ces forêts en terres agricoles. La dégradation des forêts a participé à la perte des qualités écologiques, sociales et économique des forêts. Selon une étude WWF (2014), 1,729 millions d’ha sont à risque élevé de dégradation.
Il est donc primordial de restaurer pour préserver la biodiversité, le climat (stock de carbone), mais également pour la société. Nous avons tous besoin de ressources forestières : les terres dégradées sont un coût pour la société car leur valeur et leur services écosystémiques associés ont disparu.
Tous les intervenants ont rappelé qu’il était essentiel d’avoir une approche systémique de la restauration forestière en intégrant les enjeux sociaux aux côtés des enjeux de biodiversité et économique des forêts. Daniel Vallauri a cité la définition de la restauration de Besseau (2018) : « La restauration des paysages forestiers consiste à inverser le processus de dégradation des sols, des zones agricoles, des forêts et des bassins versants, afin que ceux-ci retrouvent leurs fonctionnalités écologiques. Elle vise essentiellement à améliorer la productivité des paysages et leur capacité à répondre aux besoins divers et évolutifs de la société ».
Toutefois, les valeurs sociales semblent être les « grandes oubliées » du projet de Règlement de l’UE la restauration des écosystèmes. L'objectif général de ce règlement est de couvrir au moins 20 % des zones terrestres et marines de l’Union Européenne d'ici à 2030 par des mesures de restauration de la nature et, d'ici à 2050, d'étendre ces mesures à tous les écosystèmes qui doivent être préservés en priorisant la restauration des milieux présentant le plus gros potentiels d’élimination et de stockage du carbone ou encore participant activement à la prévention ou la réduction de l'impact des catastrophes naturelles telles que les inondations.
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