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Finalisation du projet sur le projet « Essences à Haut Potentiel de VALorisation » (EHPVAL)

05.07.2024

Au cours de ce projet, l’Université de Liège Gembloux Agro-Bio-Tech a mobilisé de nombreuses compétences pour répondre au mieux aux besoins exprimés par les entreprises partenaires en vue de valoriser de nouvelles essences.

Le PPECF et les partenaires industriels, académiques et associatifs sont remerciés pour leur investissement par les responsables du projet.

Création ATIBT- crédit photo Robin Doucet

Le taux de reconstitution est un des paramètres fondamentaux des plans d'aménagement. Bien que ce taux soit censé garantir la pérennité des ressources, il n’est calculé que sur une seule rotation et une valeur inférieure à 100 % est tolérée par les législations forestières actuelles. Or le faible taux de régénération de certaines essences ne permet pas la reconstitution du stock à long terme et l’on assiste à une perte importante du potentiel de production de certaines essences forestières. Cette perte est très préoccupante pour deux raisons principales. Premièrement, la biodiversité forestière s’en trouve menacée car le cortège floristique et faunistique associé aux espèces exploitées est perturbé. Deuxièmement, elle met en péril la viabilité économique des entreprises. Pour y remédier, il convient de valoriser mieux et plus d’essences.

Parmi les options de valorisation, figurent deux possibilités :

  • Mettre sur le marché de nouvelles essences dont les propriétés technologiques et de durabilité demeurent peu connues
  • Valoriser de façon éco-efficiente et directement sur les sites de transformation les coproduits actuellement non utilisés par l’industrie du bois. Cette chimie « fine » du bois peut cibler des marchés de niche et se caractériser par la production de petits volumes à haute, voire très haute valeur ajoutée (par exemple production de pycnogenol, un antioxydant naturel extrait des écorces de pin maritime). Une telle filière pourrait s’intégrer de manière harmonieuse dans la filière bois, en s’insérant dans la chaîne de valorisation existante et sans perturber la valorisation des autres coproduits. En Europe, ce secteur est en plein essor. Vouloir le développer en Afrique est une évidence compte tenu de la diversité des molécules présentes dans les arbres tropicaux.

En conséquence, le projet EHPVAL (Essences à Haut Potentiel de Valorisation) a visé à identifier et à valoriser des essences à haut potentiel, tant sur le plan ligneux qu’en termes d’extraction de biomolécules à haute valeur ajoutée. L’objectif spécifique était donc d’augmenter la liste des essences commerciales actuelles et de diversifier les produits en mettant l’accent sur des essences dont l’exploitation est rentable économiquement et dont la régénération garantit la pérennité de la ressource. Ce faisant, le projet a ambitionné de réduire les prélèvements sur des essences « classiques » dont la régénération n’est pas garantie.

 

Parmi les principaux résultats obtenus, on retiendra :

- La caractérisation des propriétés du bois de l'eyek (Pachyelasma tessmanii). Il est recommandé d'utiliser ce bois pour l'ébénisterie, le mobilier intérieur/extérieur ou l'aménagement. L'exploitation de cette espèce doit être accompagnée de plantations d'enrichissement car peu de jeunes pieds sont présents en forêt.

- La caractérisation du bois du mubala (Pentaclethra macrophylla). En forêt semi-décidue, cette espèce est très présente et des volumes importants sont potentiellement disponibles. Son bois a été caractérisé, il est comparable à celui du Bubinga, du Béli ou encore du Pao Rosa et peut être utilisé pour les travaux hydrauliques, les ponts, la charpente lourde ou encore le platelage et les lames de terrasses. Toutefois, les rendements de transformation sont faibles suite à la piètre conformation de la plupart des pieds (21 % des arbres de plus de 40 cm appartiennent aux deux premières classes de qualité) et aux mulots qui créent des galeries.

- L'omvong (appelé eyoum au Cameroun) est un complexe de 4 espèces, dont une nouvelle pour la science. Parmi ces espèces une seule a de bons rendements de transformation : Dialium polyanthum. Son bois est comparable à celui de l'Azobé et peut être utilisé pour la fabrication de traverses de chemin de fer ou pour les travaux hydrauliques. Son sciage est rendu difficile par la silice et nécessite l'utilisation de lames au carbure.

- L'ossoko (appelé sorro au Gabon) (Scyphocephalium mannnii) est localement très abondant. Son bois pourrait être valorisé pour la moulure, le lambris ou encore la mensuiserie et l'ébénisterie. Toutefois son fût est très cannelé. En vue d'optimaliser son exploitation, le projet a élaboré un tarif de cubage et suggère de limiter l'exploitation aux individus de plus d'1m20 de diamètre sous les cannelures. 

- L'eveuss (Klainedoxa gabonensis) est intéressant car son bois parfait peut efficacement substituer les essences de bois dur tel que l'Azobé ou l'Okan. Il peut donc être utilisé pour la fabrication de traverses de chemin de fer, les travaux hydrauliques ou les charpentes lourdes. Néanmoins le bois parfait n'occupe parfois qu'une faible proportion des grumes à cause d'un bois de transition important. La valorisation de cette essence demande donc de pouvoir valoriser également le bois de transition, moins durable, pour obtenir des rendements suffisants. 

- Au niveau des molécules présentes dans le bois et les écorces, les omvongs (eyoums) offrent de très bonnes perspectives. Une importante activité antiplasmodiale a été démontrée ainsi que des activités antioxydante et antimicrobienne. En outre, l'écorce de Dialium polyanthum est une piste prometteuse dans la lutte contre le paludisme. 

 

Télécharger le rapport et ses annexes

 

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