13.09.2019
Alors que nous entendons à longueur de journée qu’il n’y a qu’une planète à partager;
Alors que la question climatique est au cœur de tous les enjeux géopolitiques;
Alors que l’on craint le pire sur la perte de biodiversité;
Alors que les crises migratoires minent nos démocraties;
Alors que la forêt brûle;
Que faisons-nous réellement ?
De COP climat en COP biodiversité, nous nous réunissons, nous menons des conciliabules, nous nous offusquons, puis nous créons des commissions. Les agences internationales, et autres bailleurs, entretiennent, dans ce contexte alarmant, moult experts.
Que se passe-t-il, dans le monde réel, sur le terrain ?
Sinon rien, du moins pas grand-chose. Le coût des structures absorbe tout : idées, budgets et énergies. La technostructure écrase et enferme : elle demande de biffer les bonnes cases en oubliant les objectifs. Dire que la perte en ligne est quasi-totale n’est pas exagéré. Nous utilisons de la très haute tension pour faire fonctionner une pauvre ampoule. Quant aux pays eux-mêmes, ils se situent à tout le moins, dans ce que l’on nommera pudiquement un certain laisser-faire ou une dérive identitaire.
Quelle alternative ?
Que celles et ceux qui en ont les moyens financiers aident directement les hommes et les femmes de terrain. Follett en son temps et Obama plus récemment parlaient des « doers », des faiseurs, de ceux qui font, de ceux qui n’ont pas peur et qui entrainent dans leur sillages les bonnes volontés. Il est clair que les puissants peuvent aider directement les entrepreneurs responsables. Qui peut mieux comprendre des entrepreneurs sinon d’autres entrepreneurs partageant les mêmes valeurs ? Les moyens sont là, il faut les mettre en connexion.
Qui faudrait-il soutenir ?
Les entreprises qui seraient concernées sont connues. Ainsi, à titre d’exemple dans le Bassin du Congo, certains, défendent quotidiennement ces trésors irremplaçables que sont notamment les grands singes et les éléphants de forêt. Ils créent aussi localement un grand nombre d’emplois. En tout premier lieu, nous pouvons citer les gestionnaires forestiers certifiés selon le label internationalement reconnu qu’est FSC. Aujourd’hui une grande partie de leurs actions : gestion sociale (écoles, hôpitaux, formation, accès à l’eau potable et à l’électricité 24/24, etc.), gestion environnementale (lutte anti-braconnage, travail avec les ONG, dont WWF, accueil des scientifiques et des chercheurs, renforcement des Parcs Nationaux, mise en réserve de grandes superficies ou de paysages forestiers intacts, etc.) ne sont pas valorisés à leur juste mesure. Ces gestionnaires contribuent également à l’économie des pays (taxes, impôts, emploi sur place, infrastructures, etc.), souvent à travers des partenariats public-privé.
Seulement ce modèle de foresterie est en cours de disparition ! Mal compris de certaines ONG, peu rentables, certains ont déjà jeté l’éponge et d’autres vont suivre.
Ces gestionnaires forestiers sont des acteurs du réel. Ils connaissent les terroirs. Ils s’attèlent à la besogne, loin des salons ou des congrès. Ils vivent dans leur émotion avec un acharnement sans faille ce que l’on pourrait qualifier de sacerdoce.
Quelles sommes seraient en jeu ?
Quelques dizaines ou centaines de millions suffisent, le prix d’un méga-yacht, pour laisser une empreinte durable sur notre planète. Ce n’est pas cher payé.
Ces mécènes, ces institutions existent.
Nous avons à leur dire que nous sommes l’environnement…
Qu’il n’est plus temps de perdre du temps…
Qu’il y a devoir à transmettre ce sentiment d’urgence…
Qu’il faut faire partager cette colère face à un gâchis en cours…
Qu’il y a des Forêts et des Hommes en urgence absolue…
Auteur : Dr.Emmanuel GROUTEL
Courriel : emmanuel.groutel@gmail.com
Laboratoire : NIMEC (UPRES-EA 969) IAE de CAEN