11.10.2019
Il nous est apparu intéressant de reprendre dans cette tribune les réactions de deux anciens dirigeants de l’ATIBT, Messieurs Landrot et Groutel par rapport aux dernières annonces en provenance du Gabon.
Ces deux réflexions font ainsi référence aux positions prises par le Gabon, en matière de financement internationaux, de certification et de lutte contre les bois illégaux.
Pour Jean-Jacques Landrot, qui a été DG et également président de l’ATIBT entre 2002 et 2008, il s’agit non seulement de féliciter pour ce succès le Ministre Lee White (ils se sont bien connus et ont étroitement coopéré de très nombreuses années dans leurs différentes responsabilités sur le Bassin du Congo), mais aussi de mettre ces financements en perspective de ce qu’il a lui-même pu observer et mis en œuvre durant sa carrière de forestier, de responsable de l’ATIBT, puis de Consultant.
Quant à Emmanuel Groutel, son propos recouvre à la fois un hommage rendu au Ministre Lee White ainsi qu’une série de propositions pour perpétuer et promouvoir la gestion responsable au Gabon.
Compte-tenu de la longueur des textes, il nous a semblé logique de publier en deux fois ces tribunes.
Jean-Jacques Landrot :
“En lisant dans la presse les financements obtenus par le Gabon dans sa lutte contre la déforestation, il me vient à l’esprit un dossier ATIBT que j’avais monté pour la FAO concernant les volumes abattus et montrant le delta du volume utilisé par un forestier sérieux en comparaison au volume réellement valorisé par un forestier non sérieux (quelles que soient les nationalités). En effet, mes filiales d’exploitation forestière en Afrique avaient souvent aussi un rôle commercial en achetant des grumes à d’autres forestiers et nous constations avec tristesse le gâchis résultant de la négligence ou de l’incompétence de ces fournisseurs tiers.
Ces gâchis avaient deux origines principales :
Par un calcul rudimentaire j’avais à l’époque estimé de 10 à 20 % le gâchis direct de bois entre une bonne et une mauvaise production forestière. Je pense que l’absence de soins RIL[1] ajoutait un chiffre comparable dû aux dommages sur la forêt.
Une valorisation financière possible en tonnes de CO2 économisées par la différence entre une bonne et une mauvaise production forestière est donc souhaitable.
Il est évident que nos travaux ATIBT et la vulgarisation de nos propositions par tous nos manuels et formations depuis plus de 20 ans, exigences reprises dans les PCI[2] et Vérifications des Certifications (FSC et PAFC) ont beaucoup fait évoluer les méthodes, mais malheureusement chez un trop petit nombre de forestiers.
Et nous savons aussi que ces soins, qui s’ajoutent au social, légitime pour nos travailleurs et leurs familles, doivent s’étendre à toutes les populations riveraines de la concession, donc renchérissent fortement le prix du M3 produit par les Sociétés Certifiées. Nous en connaissons approximativement le coût supplémentaire au m3 produit et la difficulté pour le faire accepter par le client final.
Donc mon idée en lisant les financements obtenus par le Gabon, serait de réactualiser mes études des années 2000 et de monter un dossier pour faire bénéficier les entreprises certifiées d’une partie de ces financements internationaux. Les crédits carbones devraient être le meilleur stimulant à la Certification dont nous connaissons les difficultés à répercuter les coûts dans la concurrence internationale, donc le succès très relatif de la Certification après plus de 20 ans de leurs mises en œuvre.”
Jean-Jacques Landrot
[1] Reduced Impact Logging ou Exploitation à Impact Réduit.
[2] Principes, Critères et Indicateurs.
Références :