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Déforestation et commerce international - La 'déforestation importée', source de controverses diplomatiques – Article de Alain Karsenty - CIRAD

Le dernier numéro (juillet-août) de la revue Futuribles a publié deux articles sur la forêt, dont celui d’Alain Karsenty intitulé « Déforestation et commerce international – La ‘déforestation importée’, source de controverses diplomatiques ». Dans cet article (dont vous trouverez une version non éditée en PJ), Alain Karsenty revient sur les causes directes et sous-jacentes de la déforestation mondiale, et les liens de celle-ci avec le commerce international.

Les travaux des recherche les plus récents indiquent que, si le commerce international joue un rôle significatif dans la déforestation (entre 20 à 25% de la déforestation y est associée), la majorité de la conversion des forêts est liée à la demande intérieure des pays forestiers, tropicaux pour l’essentiel. En outre, la déforestation est le fait, majoritairement, de petites exploitations plutôt que de grandes fermes mécanisées, en particulier en Afrique. En clair, les paysans déboisent pour satisfaire leurs besoins de terres et de revenus, et c’est pourquoi la lutte contre la déforestation ne peut qu’être couplée avec un agenda de sécurité alimentaire et d’intensification écologique.

Les pays industrialisés et émergents ont un rôle à jouer à travers la qualité de leurs importations et les discussions à différents niveaux sur les règles du commerce international. L’UE, mais aussi le Royaume-Uni et, prochainement, les USA ont adopté des lois visant à réduire ou à bannir l’importation de produits agricoles ou forestiers liés à la déforestation. L’UE est particulièrement en pointe, puisque son règlement (le RDUE) refuse même les produits issus de déforestation légale dans le pays d’origine, ce que les lois britanniques et états-uniennes n’ont pas voulu faire.

On ne peut pas attendre de ces lois qu’elles arrêtent la déforestation mondiale. Leur contribution à une possible baisse de cette déforestation est elle-même très incertaine, puisque les produits qui ne seront plus exportés vers l’Europe seront dirigés vers la Chine et les marchés des pays émergents. Pour une filière comme le cacao, dont l’UE est le premier consommateur, la contribution du RDUE à la baisse de la déforestation sera sans doute plus significative, mais ce sera sans doute la seule production dans ce cas. Néanmoins, il est juste que les pays occidentaux « fassent leur part », même s’ils ne peuvent pas tout faire en la matière. Le problème est plutôt que le RDUE, en ne distinguant pas déforestation légale et illégale (parfois du fait de définitions différentes de la forêt) engendre de fortes tensions diplomatiques avec les pays partenaires. En outre, l’obligation de traçabilité à la parcelle va exclure du débouché européen un grand nombre de petits producteurs dans des filières où ils sont très représentés. Et il est peu probable que les aides financières promises par l’UE pour permettre à ces petits producteurs d’adopter la traçabilité soient suffisantes et donnent des résultats rapidement.

Cet article envisage des alternatives possibles au dispositif actuel du RDUE, qui mécontente non seulement dans les pays du Sud... mais aussi au sein des États membres, puisque selon le principe de « non-discrimination » de l’OMC, on se doit d’appliquer à nous-mêmes ce que nous demandons aux autres.

 

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